sandrine57 Plume de Légende
Messages : 1108 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 55 Localisation : moselle
| Sujet: Claude Gueux de Victor Hugo Dim 26 Mai - 20:21 | |
| " ... Un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris en 1831. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse et un enfant de cette fille... Il était capable, fort habile, intelligent, fort mal traité par l' éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire mais sachant penser. Un hiver, l' ouvrage manqua. L' homme, la fille et l' enfant eurent froid et faim. L' homme vola. Il en résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l' enfant et cinq ans de prison pour l' homme. Il fut envoyé faire son temps à la Maison Centrale de Clairvaux. On va voir ce que la Société en fait." Relation allégorique d' un drame individuel, cet ardent plaidoyer contre la peine de mort et contre la prison met à nu le mécanisme de la brutalité sociale qui ne sait répondre à la détresse que par la répression. Avec Claude Gueux, Victor Hugo n' est plus simplement romancier ou poète Il conquiert une place éminente auprès des plus grands orateurs de la Liberté. Pour un peu de pain dans le ventre de son enfant et de sa maîtresse et un peu de feu dans l'âtre de son foyer, Claude Gueux a volé. Sans pitié pour cet homme jusque là honnête sorti du droit chemin par la misère, la justice l'envoie à la prison de Clairvaux pour cinq ans. L'homme, doux et placide, ne se plaint pas de son sort même si la faim le tenaille à tous les instants. Respecté par ses compagnons d'infortune, il s'attire la jalousie du directeur de l'atelier pénitentiaire, Monsieur D. Abusant de son pouvoir, celui-ci le sépare de son jeune ami Albin qui partageait son pain avec lui. Claude a beau demander des explications, supplier pour qu'on lui rende son ami, l'intransigeant Monsieur D. ne cède pas. Alors le prisonnier docile se transforme en juge inflexible et condamne son tortionnaire à mort. Passé le délai raisonnable qu'il lui avait accordé pour revenir sur son injuste décision, il tue Monsieur D. d'un coup de hache. Il était voleur, il est devenu assassin et sera condamné à mort par une justice horrifiée par son geste et aveugle aux circonstances qui l'ont conduit à cette extrémité.
Partant d'un fait divers réel, Victor Hugo dresse le portrait d'une société répressive qui à la misère du peuple oppose le couperet de la guillotine. Plaidoyer contre la peine de mort, son Claude Gueux vibre de la certitude qu'une autre voie est possible. Et ce qui frappe à la lecture de ce texte court mais éloquent, c'est la modernité du propos. HUGO dénonce la justice du XIXè siècle mais chacun de ses mots pourrait être prononcé aujourd'hui sans paraître anachronique. Certes la peine de mort n'a plus cours mais tout le reste est encore d'actualité : le peuple a toujours faim et froid, les conditions d'incarcération ne se sont guère améliorées, certains profitent du petit pouvoir qu'on leur a accordé pour en abuser au détriment du plus faible et les députés continuent à s'inquiéter de sujets frivoles pour éviter les changements de fond nécessaires. Un texte brillant qui donne à réfléchir sur notre XXIè siècle si brillant qu'il n'a toujours pas régler ses problèmes d'injustice, d'égalité sociale, de prévention de la délinquance, etc. A lire! | |
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