sandrine57 Plume de Légende
Messages : 1108 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 55 Localisation : moselle
| Sujet: Une place à prendre de J.K. Rowling Mer 19 Déc - 10:18 | |
| Bienvenue à Pagford, petite bourgade en apparence idyllique. Un notable meurt. Sa place est à prendre... Comédie de moeurs, tragédie teintée d'humour noir, satire féroce de nos hypocrisies sociales et intimes, ce premier roman pour adultes révèle sous un jour inattendu un écrivain prodige. Pagford, son abbaye, sa rivière, ses jolies maisons, ses rues pittoresques et...comme une immonde verrue dans ce paysage idyllique, Les Champs, la cité sociale et sa clinique de désintoxication, la pomme de discorde qui divise le conseil paroissial. Pagford ne veut plus nourrir en son sein la horde de cas sociaux qui peuplent ce territoire hostile et voudrait bien refiler le bébé à Yarvil, la ville-mère qui après tout a fait construire la cité sur les terres de Pagford en trompant son monde. Pourtant, certains pensent qu'il faut laisser aux jeunes des Champs la chance de fréquenter les écoles du village, que le rôle de la clinique est salutaire et qu'il faut intégrer cette population défavorisée. Et le plus grand défenseur de ces idées qui ne plaisent pas à tout le monde est Barry Fairbrother. Il a grandi aux Champs et sait mieux que personne qu'on peut sortir de la misère et réussir pour peu qu'on y soit encouragé. Mais fidèle à l'adage qui dit que ce sont les meilleurs qui partent les premiers, le gentil, le sympathique, le dévoué Barry meurt dans les bras de sa femme devant le restaurant du golf, le jour de son anniversaire de mariage. Outre le grand vide dans le coeur de sa famille et de ses amis, il laisse aussi une place vacante au conseil paroissial, une place très convoitée par les deux camps. Très vite, l'affrontement qui jusque là restait bon enfant, se transforme en guerre ouverte où tous les coups sont permis.
Quand la maman d'Harry Potter se mêle de décrire la vie d'un village de moldus, elle ne s'embarrasse pas de scrupules et tout le monde en prend pour son grade. Dans les masures de la cité sociale, la misère fait des ravages : drogue, crasse, inceste, enfants livrés à eux-mêmes et services sociaux impuissants. Mais derrière les façades pimpantes du bourg, la réalité n'est guère plus brillante. Chaque famille a ses secrets plus ou moins avouables et derrière les apparences de réussite et de bonheur se cachent adultère, violences conjugales, adolescents en perdition,incompréhensions, frustrations. Oui la vie à Pagford est loin d'être un long fleuve tranquille et J.K ROWLING dresse là un portrait au vitriol de ses contemporains, entre ambitions, lâchetés, mesquineries, bassesses et égoïsmes. Et pourtant, malgré tous leurs défauts, on s'attache aux habitants de ce village, on les aime, on les déteste, on s'apitoie, on s'agace, on verse même une larme à l'occasion. J.K. ROWLING a su se renouveler et prouver qu'elle est un écrivain de talent, qu'il s'agisse de décrire les tourments de l'adolescence, les vicissiitudes de la vie, les rivalités, la misère, la maternité,etc. Elle a certes abandonné son petit sorcier mais pas son talent à entraîner le lecteur dans son monde. Le temps d'un roman, on vit à Pagford, on choisit son camp, ses amitiés, on fait partie de la vie du village. Un roman fort et sombre, une réussite totale. | |
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