sandrine57 Plume de Légende
Messages : 1108 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 55 Localisation : moselle
| Sujet: Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel de Marianne Rubinstein Jeu 18 Oct - 9:19 | |
| « C'est quoi, pour toi, la quarantaine ? » demande-t-elle obstinément à ses amies. Elle pour qui le « milieu du chemin de la vie » a commencé par une rupture et la garde alternée de son petit garçon. Après l'effondrement, vient pourtant le temps de la reconstruction, des amitiés fondatrices, des amours éphémères, et d'une certaine douceur de vivre. Dans Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, Marianne Rubinstein évoque tout en subtilité cet ébranlement intime de la quarantaine. D'un ton juste et lumineux, l'auteur de Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin et du Journal de Yaël Koppman, en analyse les découvertes, les effrois, les bonheurs et la liberté qui peut en résulter. Yaël a bientôt 41 ans, son petit Simon, lui, en a 3 et entre en maternelle et Yann l'a quittée sans préavis. En ce 3 septembre, Yaël va mal... Seule, abandonnée, malheureuse, elle vit au gré de la garde partagée de son fils, une semaine sans presque quitter son lit alterne avec une semaine à donner le change à Simon. La blessure est profonde, le désespoir abyssal mais la vie reprend le dessus. Après le chagrin, vient la colère, salvatrice, puis le questionnement et finalement l'apaisement, la conscience d'une nouvelle vie, libre et pourquoi pas heureuse... Des amies, des liaisons, la reprise de ses cours d'économie, peu à peu les choses s'améliorent et Yaël consigne dans son journal son cheminement, son évolution. Ecrire devient la thérapie qui la sauve du naufrage.
La situation de départ n'a rien d'original. Un homme quitte sa femme pour une plus jeune qu'elle et la femme délaissée sombre dans l'auto-apitoiement. Mais passées ces premières pages, on assiste à la renaissance d'une quarantenaire qui s'interroge sur sa vie et ses sentiments avec beaucoup de lucidité. Le quotidien bouleversé lui permet de redevenir mère après une semaine de séparation, de redevenir femme dans les bras d'un amant de passage, de retrouver ses amies, de confronter son expérience à celles d'autres femmes de son âge. Yaël s'interroge et interroge ses amies: que signifie avoir 40 ans? Peut-on être encore désirée par un homme ou faut-il se résigner à ne plus plaire? Arrivée à mi-chemin entre la naissance et la mort, faut-il craindre le pire -la fin, la maladie, ou peut-on enfin respirer, libérée des contingences de la jeunesse? Questionnements, réflexions, travail sur soi...Yaël prend conscience que sa vie n'est pas finie, que l'avenir lui sourit. Pourquoi se cantonner à l'économie quand la littérature l'appelle depuis toujours? Ecrire pour faire de son cas personnel quelque chose de plus grand, de plus universel... Au fil des saisons, l'histoire d'une femme qui se reconstruit sur les ruines de son couple, servie par une écriture entraînante et finement ciselée...le souffle de Virginia Woolf sans doute. | |
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