sandrine57 Plume de Légende
Messages : 1108 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 55 Localisation : moselle
| Sujet: La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino Mer 19 Sep - 8:33 | |
| Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d'affaires absent, mère d'une fillette de trois ans qu'elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n'a aucun souvenir avant l'âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d'elle au berceau, faisant ses premiers pas... Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l'y accompagner. Ils découvrent une construction apparemment abandonnée. L'entrée a été condamnée. Toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d'enfant, ils trouvent le journal intime d'un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d'événements tragiques... Keigo Higashino compose avec La Maison où je suis mort autrefois un roman étrange et obsédant. D'une écriture froide, sereine et lugubre comme la mort, il explore calmement les lancinantes lacunes de notre mémoire, la matière noire de nos vies, la part de mort déjà en nous. Le narrateur est contacté par Sayaka, son ancienne petite amie, après des années de silence. Elle est désormais mariée et mère d'une petite fille. Mais son mari est souvent absent et sa fille vit avec ses beaux-parents. Elle dit ne pouvoir compter que sur lui pour l'aider à résoudre un problème. Elle lui confie n'avoir aucun souvenir de sa petite enfance et pense pouvoir trouver des réponses à ses questions grâce à une clé et un plan qu'elle vient de trouver dans les affaires de son père décédé. Réticent au début, le narrateur finit par accepter d'accompagner Sayaka et ensemble ils se rendent dans une maison perdue au fond d'un bois, près du lac de Matsubara. La maison est abandonnée, figée, comme si le temps s'y était arrêté il y a 23 ans à 11h11. Leur exploration les conduit au journal intime d'un jeune garçon, Yusuke, qui semble avoir vécu des heures sombres en ces lieux. Reconstituant petit à petit le fil des évènements, ils cherchent le lien entre cet endroit et l'enfance de Sayaka.
Ambiance glauque, angoisse presque palpable, pudeur des sentiments, le japonais Keigo HIGASHINO réussit ici un huis-clos captivant, un roman sombre et oppressant qui mène le lecteur jusqu'au coeur d'une tragédie familiale. Dans une maison des plus inquiétantes, à l'écoute d'un petit garçon sérieux et heureux dont la vie tourne au cauchemar avec la disparition de son père et la survenue de "l'autre", un homme méprisable et violent qui le soumet à une torture autant psychologique que physique. Tout au long du récit, le lecteur se prend d'empathie pour ce bonhomme courageux, s'inquiète de son sort, mais les indices sont là et s'accumulent pour ne pas douter qu'au final le drame est inévitable. Quels séquelles garde-t-on de son enfance? Peut-on y trouver la source de nos comportements d'adulte? Par petites touches, l'auteur évoque la famille traditionnelle japonaise : le chef de famille décisionnaire, les enfants comme investissements pour l'avenir et la maltraitance, phénomène nouveau qui s'invite de plus en plus souvent dans les foyers. Un très bon et très beau roman noir. | |
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