sandrine57 Plume de Légende
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| Sujet: La vingt-septième ville de Jonathan Franzen Jeu 13 Sep - 11:39 | |
| " Au début du mois de juin, William O'Connell, chef de la police de St. Louis, annonça son départ à la retraite et les membres du Conseil de la Police municipale, dédaignant les candidats soutenus par l'establishment politique, la communauté noire, la presse, l'Amicale des Agents et le gouverneur du Missouri, choisirent une femme anciennement attachée à la police de Bombay, en Inde, pour entamer un mandat de cinq ans à ce poste. Toute la ville fut atterrée, mais cette femme - une certaine S. Jammu - entra en fonctions avant que quiconque ait pu l'en empêcher. " St. Louis (Missouri), dans les années 80. Autrefois prospère, la cité décline, au point d'être passée du rang de quatrième ville des Etats-Unis à celui de vingt-septième. L'élection inattendue de S. Jammu à la tête de sa police pourrait enrayer ce lent processus. Cette jeune femme charismatique et mystérieuse, qui doit à ses actions musclées une immense popularité, vient à peine d'installer son pouvoir lorsque la rumeur d'une sordide affaire de corruption déstabilise le Conseil municipal... La Vingt-Septième Ville est le premier roman de Jonathan Franzen. Lorsqu'il paraît aux Etats-Unis, en 1988, ce livre marque d'emblée la volonté de l'auteur des Corrections de prendre ses distances avec l'autobiographie. Et son désir de se colleter avec la société américaine, dans toutes ses dimensions, publiques et privées. En recourant à la métaphore du complot politique, Franzen analyse magistralement la fin du rêve américain sous la forme d'une comédie noire. Au début du siècle, Saint-Louis était la quatrième ville des Etats-Unis. Mais, coincée entre le Mississippi et le Comté voisin, saint-Louis n'a pas eu l'essor qu'on pouvait espérer et ne se classe plus, dans les années 80, qu'à la vingt-septième place. Le Conseil Municipal décide de réagir et, profitant du départ à la retraite du Chef de la police, nomme pour le remplacer la mystérieuse S. JAMMU. Ce petit bout de femme venue d'Inde où elle était préfet, se met très vite tous les notables dans la poche. Secondée par Singh, son âme damnée, elle élabore des stratégies compliquées qui flirtent avec l'illégalité, afin de redorer le blason de la municipalité et de la police, d'attirer les investisseurs et de remettre Saint-Louis sur les rails de la réussite. Martin Probst, brillant et honnête entrepreneur de la ville, est à mille lieues d'imaginer qu'il va être la cible des manigances du duo infernal. Et pourtant, petit à petit, il va perdre tout ce qui était important dans sa vie, victime inconsciente de plans qui le dépassent.
Entre magouilles financières, corruption, spéculations immobilières et conflits d'intérêt, il y a quelque chose de pourri au royaume de Saint-Louis. Avec force détails, Jonathan FRANZEN décrit le Saint-Louis des années 80, le boum immobilier, les rivalités avec le Comté voisin, l'installation des ghettos. Ses personnages sont très travaillés psychologiquement et on se prend à s'interroger sur la vraie nature de Jammu, à plaindre l'intègre Martin Probst, à s'inquiéter pour sa femme ou sa fille. Le roman est certes long, mais riche et foisonnant, il permet de s'imprégner de l'ambiance délétère de la ville. Une lecture inclassable, entre polar et roman psychologique, ardue à première vue mais qui s'avère fascinante au final. | |
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