Ness'Ca moderateur
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| Sujet: Déloger l'animal de Véronique Ovaldé Dim 21 Nov - 19:39 | |
| ExtraitJe la regardais s’effondrer dans son fauteuil. Elle avait l’œil vague, fixé sur l’écran de télé. Elle n’arrivait pas à s’intéresser à ces menus appareils électroménagers que l’on tentait de la convaincre d’acquérir au prix de sacrifices (serrons-nous la ceinture), et au prix d’abandons (oublions nos âmes que nous voulions élevées). Je suis sûre qu’elle ne faisait qu’épier son propre reflet dans l’écran, stupéfaite de son immobilité, agitant par moments les doigts de sa main droite pour vérifier qu’elle pouvait encore bouger. Elle restait là, les chevilles croisées sur le coussin – celui avec une multitude de miroirs cousus ramené par Monsieur Loyal, souvenir d’aéroport plié en douze dans sa valise à roulettes, efforts suants et jurants pour le rendre microscopique, pour ramener à sa femme un cadeau, une attention, un presque rien, un “j’ai pensé à toi le dernier jour avant de poster les cartes”. Présentation de l'éditeurDans le couchant d'une ville blanche, lumineuse et brûlante, une enfant attend le retour de sa mère. Sur les toits d'un immeuble au sommet de son monde, elle perçoit les bruits d'ailleurs et ceux de l'intérieur. Mais ce soir-là, au-delà du scintillement des vagues, l'angoisse est infinie : la mère ne revient pas. Le cliquetis de ses talons aiguilles, l'éclat synthétique de sa perruque blonde, l'acidulé de ses vêtements, le velours de sa voix ne sont plus. La belle a disparu et l'enfant est perdue. Face à l'insouciance de son père, à l'inquiétante inertie des adultes, la petite Rose va réinventer l'histoire... Un roman magnifique sur la confrontation de l'enfance absolue à l'aridité des choses. Sur ce passage étroit et tumultueux, cet instant précis où l'imaginaire se met à façonner la vie rêvée, où l'alchimie de l'adolescence entre en scène pour inscrire nos vies aux abords du chemin. | |
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