Chantilly Critique Littéraire
Messages : 378 Date d'inscription : 28/04/2010 Age : 66 Localisation : 34
| Sujet: Le cahier bleu (James A. Levine) Ven 9 Juil - 12:11 | |
| - Citation :
- Batuk est âgée de neuf ans à peine quand son père, un paysan du Madya Pradesh, la vend à un bordel d'enfants de Common Street, à Bombay. Jetée en pâture aux désirs pervers des notables de la ville et des policiers pédophiles, la petite prostituée parvient, six années plus tard, à subtiliser un crayon à sa patronne. Et se met à couvrir les pages d'un cahier bleu auquel elle confie le quotidien épouvantable de son esclavage sexuel. Dans ce journal intimiste, désespéré, expiatoire, Batuk écrit tous les jours avec ses mots d'enfant sacrifiée. Elle écrit pour conjurer son destin, pour oublier que son père a abandonné sa léoparde aux yeux d'argent à la violence de ces clients qui viennent jusque dans son nid pour y faire des pains au lait. Elle écrit aussi pour retrouver ses jeux au village avec les lézards de son enfance entre les rochers chauffés par le soleil. Et, dans son cahier bleu, Batuk finit par s'inventer des héros fantastiques qui viendront peut-être, un jour, la libérer... Mais, une nuit, un taxi blanc s'arrête devant sa prison...
Lu en une journée, commencé le matin, terminé le soir je n'ai pas pu le lâcher... Difficile de parler de ce roman où se mêlent horreur, innocence, révolte, pudeur, émotions…. roman qui dénonce la prostitution enfantine, à travers le témoignage de la narratrice, présenté un peu comme un journal intime. La première partie est un mélange de souvenirs et des épreuves quotidiennes subies par la jeune héroïne, Batuk, qui « libère son âme de son corps » afin de mieux accepter son sort, et pour qui l’écriture devient un moyen d’évasion, alors que la seconde partie relate l’esclavage sexuel et la violence gratuite… Beaucoup de poésie, de douceur pour dénoncer une réalité inacceptable encore en vigueur de nos jours dans certains pays. Même si les mots sont crus par moments, il n’y a jamais de voyeurisme ou de vulgarité et je dirai que, paradoxalement, la beauté de l’écriture rend ces horreurs plus atroces encore et nous bouleverse davantage. Témoignage sous forme de roman, mais le message n’en est pas moins fort, poignant, et on n’est pas prêt d’oublier Batuk ! | |
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