sandrine57 Plume de Légende
Messages : 1108 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 55 Localisation : moselle
| Sujet: L'odyssée du père de Michaël D. O'Brien Dim 23 Mar - 0:07 | |
| Alexander Graham, libraire dans une petite ville du Canada, mène une vie tranquille et plutôt triste depuis la mort de sa femme, lorsque son fils Andrew, étudiant à Oxford, disparaît subitement, sans explication. Commence alors pour lui un voyage à la recherche de l'enfant prodigue qui le conduira, au-delà de son monde sécurisé et de ses limites personnelles, à travers l'Europe jusqu'aux confins de la Sibérie où sa foi sera mise à rude épreuve. D'une puissance spirituelle peu commune, ce roman - peut-être celui dans lequel l'auteur de Père Elijah a mis le plus de lui-même - tour à tour noir, poétique, haletant, mystique, politique, démontre une nouvelle fois le talent d'écrivain stupéfiant de Michael O'Brien, si justement capable de peindre l'âme humaine dans toutes ses dimensions.Solitaire depuis le décès de sa femme et le départ de ses deux fils, Alexander Graham mène une existence tranquille dans sa ville d'Halcyon où il tient une librairie reconnue pour la richesse de son fonds russe et soviétique. La vie s'écoule sans heurts jusqu'au jour où Andrew, le plus jeune de ses fils, étudiant à Oxford, ne donne plus signe de vie. Inquiet, il s'envole pour l'Angleterre malgré ses appréhensions. Il n'a jamais quitté le canada, n'a jamais eu le désir de dépasser les frontières de sa ville natale et seuls son amour paternel et sa foi en Dieu lui permettent de surmonter ses craintes de l'inconnu. Il ne se doute pas qu'Oxford ne sera que la première étape d'un périple long et douloureux qui l'entraînera jusqu'au fin fond de la Sibérie. Etranger dans une Russie qu'il a longtemps fantasmée sans la connaître vraiment, dupé, volé, molesté, il sera aussi secouru, guidé, aimé et découvrira un pays, un peuple, avec ses souffrances, ses martyrs, son courage, ses lâchetés, ses croyances, ses contradictions pour aussi se découvrir lui-même et sonder son inconscient et sa foi comme jamais auparavant.1132 pages ! On ne peut pas dire que Michaël O'BRIEN soit avare de ses mots ! Plus qu'un pavé, son livre est une brique qui nécessite un appareillage spécial ou de gros bras musclés pour être lu avec un minimum de confort. Et pourtant son récit s'écoule, sobre et efficace, et l'on se passionne pour son héros discret jusqu'à en paraître terne mais qui recèle en lui tant de bonté et d'humanité. Son rêve romantique et littéraire de la Russie vire au cauchemar, confronté à la réalité d'un peuple qui a subi et souffert depuis la nuit des temps. Pourtant, malgré une Histoire mouvementée, les persécutions, les privations, certains ont su gardé au fond du coeur suffisamment d'amour pour surmonter défiance,méfiance et peurs. A la recherche de son insaisissable fils, Alexander en appel à Dieu pour surmonter le découragement et le pessimisme. Mais Dieu n'a-t-il pas déserté la Sainte Russie, chassé par le bruit et la fureur des Bolchéviks ? Au fil de ses rencontres, Alexander verra que non; la foi a perduré sur cette terre de douleur. Des chrétiens, comme lui, lui viendront en aide, mais aussi des non-croyants. Sur les bords du lac Baïkal, de l'hiver le plus rude jusqu'à la renaissance printanière, il sera accueilli en ami et, dans une famille de substitution, il trouvera les réponses à certaines de ses questions. A-t-il été un mauvais père pour ses fils ? N'a-il pas su donner assez de son temps, de son amour ? N'a-il pas transmis sa confiance en Dieu ? Est-ce pour cela qu'Andrew a éprouvé le besoin de chercher auprès d'un autre homme protection et sécurité ? Le voyage de ce père désemparé, véritable chemin de croix, sera fait aussi de moments de joie, de partage, de recueillement. Intense, cette aventure sibérienne mêle avec maestria quête spirituelle, roman noir et roman d'espionnage. Le seul souci est que l'on risque de se lasser des prières, visions divines et autres références à la religion de cet Alexander dont la principal caractéristique est d'être catholique. Si l'on réussit à passer outre (bien qu'elles soit TRES présentes), toutes ces bondieuseries, on peut se laisser porter par un récit profond dont la toile de fond est l'histoire russe et la vie en Sibérie, avec en particulier les très attachants Irina, Ilya et Kiril, marqués par le destin mais unis dans l'adversité. Ce sont eux finalement les vrais héros de cette histoire, blessés mais courageux, bons et véhiculant toutes les valeurs dites "chrétiennes" sans pour autant être croyants. | |
|