sandrine57 Plume de Légende
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| Sujet: Je m'appelle Lotte et j'ai huit ans d'Anne B. Ragde Ven 15 Juin - 10:08 | |
| L’étude psychologique parfaitement réussie d’une enfant traumatisée. 1960 : Lotte, 8 ans, habite Trondheim, Norvège. Son existence sans soucis s’écroule le jour où ses parents se séparent. Le père part vivre avec une jeune veuve, Monica, et ses deux enfants. Lotte, très attachée à son père, un homme sensible et gentil, se referme sur elle-même, perd la confiance de ses deux meilleures copines et noue une nouvelle amitié avec Marit. Toutes deux passent des heures à collectionner et à échanger des images chromo (celle d’un tigre contre celle d’un ange par exemple). Les relations avec sa mère, rongée par l’amertume et la jalousie, sont très difficiles. Pendant les vacances dans la ferme de ses grands-parents paternels, Lotte retrouve un peu de sa joie de vivre. Mais à cette époque où le divorce est encore mal accepté, la petite est étouffée par le poids des non-dits, de la honte, des secrets de famille et se sent trahie par son père. Lotte développe un sentiment qui ne la quittera plus jamais : celui de ne pas savoir qui elle est et d’être une inconnue pour elle-même. Trondheim, 1960. Lotte est une enfant comme les autres, joyeuse et insouciante, jusqu'au jour où son père quitte le domicile familial pour s'installer avec une splendide jeune veuve et ses deux enfants. Pour Lotte, petite fille de huit ans à peine, c'est comme si le ciel lui tombait sur la tête. Bien sûr, ses parents se disputaient souvent mais elle adorait son père avec qui elle partageait de longues randonnées le dimanche. Le jour où il déménage, sous les regards curieux des voisins et les rires des enfants, Lotte sait que sa vie va changer. Le mot "divorce" sonne le glas de son innocence, ses amies l'évitent, sa mère oscille entre aigreur et désespoir et son père s'éloigne d'elle peu à peu. Dans sa nouvelle chambre, qui avant était le bureau de son père, chaque nuit des démons viennent la terroriser. Et ils l'accompagnent même à la campagne où elle passe les vacances chez ses grands-parents paternels. Car, dans ce havre de paix aussi, tout a changé. Par loyauté envers leur fils, ses grands-parents ont pris son parti et ne souhaitent plus avoir de contacts avec la mère de Lotte...
Anne B. RAGDE aime décortiqué les histoires de famille et son dernier roman ne fait pas exception. Mais son originalité vient de son personnage principal. L'auteure nous emmène dans l'intimité d'une petite fille de huit ans. Perdue dans un monde d'adulte qui se détraque, la petite Lotte a bien du mal à trouver sa place. Son histoire a beau se passer en 1960, elle est toujours d'actualité parce que, même si le divorce est désormais un fait banal, le mal qu'il fait aux enfants demeure. Que dire de cette femme abandonnée qui n'épargne rien à sa fille? Son chagrin, ses colères, ses récriminations, ses petites vengeances, elle étale tout aux yeux de Lotte déchirée entre la déprime de sa mère et son attachement à son père. Et que dire du père justement? Il incarne la lâcheté masculine dans toute sa splendeur! Pour éviter le conflit, il est prêt à renoncer à sa vie et pour retrouver un semblant de normalité, il préfère s'investir dans sa nouvelle famille et faire comme si rien n'avait existé avant. Ce renoncement qui devient trahison blesse Lotte plus encore que le divorce en lui-même. Le nouveau monde de Lotte est peur, angoisse et incompréhension. Ses sentiments sont mis à mal, elles sert de tampon entre deux adultes qui se déchirent et elle fait de son mieux pour ne blesser personne. Mais qui se soucie d'elle au final? Je m'appelle Lotte et j'ai huit ans est un livre qui fait réfléchir et qui prouve, s'il en était besoin, qu'il faut savoir préserver l'enfance. Mais il lui manque une dimension poignante, ce quelque chose en plus qui fait que l'on est touché par l'histoire et ses personnages. Peut-être est-ce par ce que l'auteure s'est mise dans la tête d'une enfant qui n'a pas toujours les mots pour décrire ses états d'âme ou peut-être parce que je manque de sensibilité... Quoi qu'il en soit je remercie Babelio et les éditions Balland pour m'avoir permis de faire un pas de plus dans la découverte de l'oeuvre d'Anne B. RAGDE dont chaque ouvrage est toujours un bon moment de lecture. | |
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